Bordeaux étend son secteur piéton dans le centre-ville
Nous suivons ce qu’on avait promis pendant la campagne municipale. Tout s’est très bien passé avec le monde associatif, notamment avec l’Automobile Club de France et les motards en colère », explique Didier Jeanjean.
L’adjoint au maire de Bordeaux, chargé de la nature en ville et des quartiers apaisés, a expliqué lors de l’inauguration des installations les raisons « qui motivent cette politique » :
« C’est d’abord une question de santé publique : diminuer la pollution de l’air, la pollution sonore… Ensuite il y a la sécurité routière, notamment pour les piétons et les cyclistes. Enfin, il y a l’attractivité, car les espaces piétonisés deviennent des lieux de vie propices à la balade et aux achats dans les magasins du centre-ville. »
La piétonisation du centre-ville de Bordeaux vient ainsi de franchir un nouveau cap, avec deux nouveaux périmètres depuis ce lundi 1er juillet midi : l’axe des rues Elisée-Reclus – Bonnie – Burguet, et celui des rues Ravez – Buhan – Rousselle. À compter du 2 septembre, deux nouveaux périmètres entreront en fonctionnement : Mably et rues Bouffard – Montbazon – Nancel-Penard.
Confusion
Devant le Musée d’Aquitaine, le cours Pasteur et la rue Duffour-Dubergier forment désormais un axe à sens unique pour les automobilistes, agrémenté d’une piste cyclable « en site propre » sortant vers le cours Victor-Hugo.
Cependant, le nouveau plan de circulation peine à être compris par les usagers. Au niveau de la place Pey Berland, des automobilistes continuent de s’engager dans la rue Duffour-Dubergier en empruntant la piste cyclable, malgré les signalétiques installées.
Thomas, habitant de Cambes, vient travailler quotidiennement dans l’agglomération bordelaise en voiture. Il déplore une politique presque exclusivement destinée aux habitants du centre-ville :
« On est beaucoup à venir de l’extérieur pour travailler à Bordeaux et faire vivre la ville. Mais quand on habite dans l’Entre-deux-Mers, il n’y a pas les transports adéquats. Je suis également cycliste, je circule à vélo quand je le peux, mais pas quand on est pas du tout en sécurité. »
Avis contrastés
Au niveau de l’arrêt de tramway Hôtel de Ville, Philippe, qui habite à la Victoire, juge plutôt durement le nouveau du dispositif mise en place par la municipalité :
« C’est un automobiliste qui m’a prévenu de ce changement. La mairie prend des décisions sans nous informer. Maintenant je passe par des petites rues pour rentrer chez moi, je ne trouve pas ça logique alors qu’on a des grandes artères empruntables à double sens. Ça rajoute du temps de trajet et c’est dangereux. »
Un peu plus loin vers le musée d’Aquitaine, l’avis des cyclistes semble au contraire se satisfaire de ce nouvel aménagement. Mathilde, qui vient chercher ses enfants scolarisés dans le quartier, juge l’initiative « plutôt bien » tout en s’interrogeant sur « ce que ça va donner pour les voitures ». Un peu plus loin, Alberto vient également de récupérer son fils à la sortie de l’école :
« Je suis cycliste, j’étais un peu surpris par ce changement. Tous les jours je passe par ici en rentrant sur Pessac, c’est vrai que ce carrefour au niveau du cours Victor-Hugo est compliqué entre le tramway, les vélos, les voitures… […] Je le dis aussi : les cyclistes ne doivent pas faire n’importe quoi, beaucoup passent au feu rouge. »
Moins de pollution
Après la création du secteur Chartrons en 2022 (25ha), la ville de Bordeaux étend ainsi son secteur piéton du centre-ville avec 12 ha supplémentaires.
Depuis 2020, les secteurs piétons de la ville de Bordeaux sont donc passés de 172 ha à 245 ha et de 27 km à 40 km de voirie (environ +50%). Grâce cette politique la Ville de Bordeaux affirme dans un communiqué de presse que « Bordeaux bénéficie ainsi d’un des plus grands secteurs piétons de France » :
« La pollution a baissé de 28% depuis 2020 à l’échelle de Bordeaux et le trafic routier a baissé de 11% en intra boulevard et de 19% sur les boulevards », poursuit le communiqué.